Parie 1 – 12/12/2012 >>
Parie 2 – 19/12/2012 >>
3. Conclusion
Certes, de nombreux choix de transcription sont possibles. Mais l’orthographe «méditerranéenne» que nous proposons ici permettra au judéo-espagnol d’élargir considérablement son audience. Cette orthographe contribuera, tout à la fois, à conserver les traditions culturelles séfarades dans leurs aspects les plus originaux (recettes culinaires, contes, chants, prières, etc.) et à créer de nouveaux liens avec l’ensemble des pays dans lesquels la diaspora s’est désormais installée. C’est une orthographe authentiquement interculturelle qui crée des passerelles vers de nombreuses autres langues, et en cela elle procure au judéo-espagnol une adaptation parfaite à la mondialisation que tant de gens redoutent.
Nous invitons maintenant le lecteur à se reporter aux trois annexes qui suivent (une liste de mots comparés, un conte traditionnel et un texte moderne). Il constatera ainsi comment se réalisent concrètement les propositions qui sont l’objet de cet article
Bibliographie
Revues et magazines
— «Aki Yerushalayim», dirigé par Moshe Shaul, Jérusalem, Israël.
— «La Lettre Sépharade», dirigé par Jean Carasso, Gordes, France.
— «Los Muestros», dirigé par Moïse Rahmani, Bruxelles, Belgique.
— «Sefarad», dirigé par Iacob Hassán et Elena Romero, CSIC, Madrid, Espagne.
Ouvrages
— Raphael GATENIO (dir.), «Judeo-Espaniol – The Evolution of a Culture», Actes de la Conférence de Salonique de 1997, Fondation Ahaim, Salonique, 1999.
— Raphael GATENIO (dir.), «Judeo-Espaniol – A Jewish Language in Search of its People», Actes de la Conférence de Salonique de 2000, Fondation Ahaim, Salonique, 2002.
— Iacob HASSÁN (dir.), «Estudios Sefardíes», vol. 1 et vol. 2, CSIC, Madrid, 1978 et 1979.
— Joseph NEHAMA, «Dictionnaire du judéo-espagnol», 1re éd., CSIC, Madrid, 1977, 2e éd., Editions de la Lettre Sépharade, Gordes et Paris, 2003.
— Klara et Elie PERAHYA, «Dictionnaire français – judéo-espagnol», Ed. L’Asiathèque, 1998.
— Haïm Vidal SEPHIHA, «Le Judéo-Espagnol», Ed. Entente, Paris, 1986.
— Marie-Christine VAROL, «Manuel de judéo-espagnol», Ed. L’Asiathèque, Paris, 1998.
Annexe 1
Tableau comparé de mots en espagnol, portugais, italien et judéo-espagnol avec nos propositions d’orthographe «méditerranéenne»
Ci-dessous figure un tableau comparé de mots avec nos propositions pour une orthographe rénovée du judéo-espagnol. Sur la colonne de gauche figure la graphie phonétique telle qu’on la trouve généralement sur les sites Internet et dans la revue «Aki Yerushalayim» dirigée par Moshe Shaul. Cette colonne permet aussi de montrer la prononciation réelle du judéo-espagnol. Sur la colonne la plus à droite, figurent nos propositions orthographiques. Les formes de l’espagnol officiel sont indiquées, de même que celles du portugais et de l’italien, afin de montrer que nos propositions graphiques permettent une harmonisation avec l’ensemble des langues romanes. Lorsqu’une graphie distincte de l’espagnol officiel est proposée, celle-ci est mise en gras.
Graphie phonét. Espagnol Portugais Italien Propositions
akel aquel aquele quel / quello aquel
antiguo antiguo antigo antico antiguo
anyo año ano anno anyo
basho bajo debaixo (sotto) basho
bivda viuda viúva vedova bivda
bosko bosque bosque bosco bosco
braso brazo braço braccio braço
brusko brusco brusco brusco brusco
bushkar buscar buscar (cercare) bushcar
chupar chupar chupar (leccare) chupar
djeneral general general / geral generale general
djente gente gente gente gente
djinoyo (rodilla) joelho ginocchio ginoyo
djudio judío judeu (ebreo) judîo
djugar jugar jogar giocare jugar
empesar empezar (começar) (incominciare) empeçar
erensia, erensya herencia herança eredità herencia
Espanya España Espanha Spagna Espanya
estava estaba estava era / stava estava
eyos ellos eles (essi) eyos
favlar / avlar hablar falar parlare favlar
fermozo / ermozo hermoso formoso (bello) fermoso
fierro, fyerro hierro ferro ferro fierro
fija / ija hija filha figlia fija
fizieron, izyeron hicieron fizeram fecero fizieron
fizo, izo hizo fez fece fizo
fresko fresco fresco fresco fresco
fuersa / huersa fuerza força forza fuerça
gerra guerra guerra guerra guerra
guadrar guardar guardar (custodire) guadrar
kacha caza caça caccia cacha (chasse)
kasha caja caixa cassa casha (caisse)
kaza casa casa casa casa (maison)
kastanya castaña castanha castagna castanya
kavesa cabeza cabeça capo / (testa) caveça
kavra cabra cabra capra cavra
kaye calle (rua) (via) caye
kedar quedar (ficar) restare quedar
komunita comunidad comunidade comunità comunitá
konsekuensa consecuencia consequência conseguenza consecuença
kuando cuando quando quando cuando
kuarto cuarto quarto quarto cuarto
kuerpo cuerpo corpo corpo cuerpo
kultura cultura cultura coltura cultura
liberta libertad liberdade libertà libertá
luvia, luvya lluvia chuva pioggia luvia
mandjar (comer) (comer) mangiare manjar
mez mes mês mese mez (mois)
meza mesa mesa (tavola) mesa
mizmo mismo mesmo (stesso) mismo
mucho / muncho mucho muito molto mucho
mueva nueva nova nuova mueva
noche noche noite notte noche
ojo ojo olho occhio ojo
onde donde onde dove onde
paez país país paese paez
pasar pasar passar passare passar
pasharo pájaro pássaro (uccello) pásharo
prezenta presenta presente presente presenta
puevlo pueblo povo popolo puevlo
raiz raíz raiz radice raiz
rika rica rica ricca rica
shastre sastre (alfaiate) sarto shastre
silensio, silensyo silencio silencio silenzio silencio
sivdad ciudad cidade città civdad
sovre sobre sobre su / sopra sovre
tiempo, tyempo tiempo tempo tempo tiempo
toser toser tossir tossire tosser
tres tres três tre tres
treser tercero terceiro terzo tresser
vez / vezes vez / veces vez / vezes (volta) vez / vezes
vizino vecino vizinho vicino vizino
yamar llamar chamar chiamare yamar
yegar llegar chegar (arrivare) yegar
yelar helar gelar gelare yelar
Annexe 2
Exemple de conte traditionnel
La petite histoire ci-dessous («consejica»), fut recueillie par Cynthia Crews en 1935 à Salonique auprès de Tia Merou Lévy de Gategno. Elle a été publiée deux fois, avec deux transcriptions différentes. Une première fois dans la revue Le Judaïsme séphardi, nouvelle série, n° 7, juin 1955 (p. 295). Une seconde fois dans les «Textos Judeo-españoles de Salónica y Sarajevo» de Cynthia Crews, publiés dans Estudios sefardíes, vol. 2, CSIC, Madrid, 1979 (pp. 122-123). Nous utilisons une nouvelle fois le même texte pour illustrer l’orthographe que nous proposons.
El shastre y el khakham
Dizen qu’eran buenos d’un shastre. Este shastre, un dîa d’enverano, stava mucha la calor, y se salió al curtijo. Mitió el tezyah ayî al curtijo y s’assentó a cusir, el y las ninyas shastras.
En súpito passó un khakham de por ayî que vino de Yerushaláyim. Lo vido al shastre en el curtijo y le disho : — Shalom !
Le disho el shastre : — Pico !
El khakham quedó encantado. Que quierîa dezir esta palavra ? Le disho otra vez : — Shalom !
— Tijera !
El khakham otra vez s’encantó de sentir «tijera». Le disho otra vez : — Shalom !
— Aguja !
El khakham otra vez s’encantó. Le disho otra vez : — Shalom !
— Dedal !
— Bre ! – pensó el khakham – Onde no sto entendiendo las palavras yo, cale que este save mas mucho meldar de mi.
El khakham le mitió la mano a la caveça del shastre, y le disho : — Yehi raçón, las cuatro letras de la alefbé que te se afirmen.
Le disho el shastre : — Que son las cuatro letras ?
Le disho el khakham : — La Alef es «Azlakhah que tengas». La Be es «Berakhah que tengas». La Guîmel es «Guimilut khassidim». La Dálet es «Divré Torah que tengas».
El shastre disho : — No me plazen a mi estas letras. Yo quiero las cuatro letras d’atrás.
— Que son las cuatro letras d’atrás ?
— Qof ; Resh ; Shin ; Tav.
— Y que quieren dezir ? le disho el khakham.
Disho el shastre : — la Qof es «corta» ; la Resh es «ropa» ; la Shin «sovra» ; la Tav «toma». Corta ropa, sovra toma !
Traduction en français
Le tailleur et le rabbin
Il était une fois un tailleur. Un jour d’été, comme il faisait très chaud, ce tailleur alla s’asseoir dans la cour. Il mit sa table de travail là dans la cour et il s’assit pour coudre, avec sa marmaille de petites couturières.
Tout à coup, passa un rabbin de par là-bas, qui venait de Jérusalem. Il vit le tailleur dans la cour, et il lui dit : — Shalom !
Le tailleur lui dit : — Aune de drap !
Le rabbin resta interdit. Que voulait dire cette parole ? Il lui dit une nouvelle fois : — Shalom !
— Ciseaux !
Le rabbin, de nouveau, fut stupéfait d’entendre «ciseaux». Il lui dit une nouvelle fois : — Shalom !
— Aiguille !
Le rabbin fut encore une fois rempli de stupeur, et il répéta au tailleur : — Shalom !
— Dé à coudre !
— Bigre ! pensa le rabbin. Si moi je ne comprends pas les paroles de cet homme, il faut alors qu’il connaisse beaucoup mieux les écritures que moi.
Le rabbin posa sa main sur la tête du tailleur, et il lui dit : — Par la volonté de Dieu, que les quatre lettres de l’alphabet s’impriment en toi.
Le tailleur lui dit : — Quelles sont ces quatre lettres ?
Le rabbin lui dit : — Le Alef est «Que tu connaisses le succès» (Azlakhah). Le Bet est «Que tu sois béni» (Berakhah). Le Guimel est «Œuvres de charité» (Guimilut). Le Dalet est «Que tu possèdes les paroles de la Torah» (Divré).
Le tailleur dit : — Quant à moi, ces lettres ne me plaisent pas. Ce sont les quatre lettres de derrière que j’aime.
— Quelles sont ces quatre lettres de derrière ?
— Qof ; Resh ; Shin ; Tav.
— Et que veulent-elles dire ? lui dit le rabbin.
Le tailleur répondit : — Le Qof est «coupe» ; le Resh est «tissu» ; le Shin est «surplus» ; le Tav est «prends». Coupe le tissu, prends le surplus !
Annexe 3
Exemple de texte moderne
Comme exemple de texte moderne, nous avons repris le dépliant d’information du Musée Juif de Salonique. Ce dépliant est rédigé dans une graphie phonétique proche de celle de «Aki Yerushalayim» (sinon que «ni» est utilisé à la place de «ny»). Nous présentons ci-dessous ce texte dans l’orthographe «méditerranéenne» que nous préconisons.
El Museo judîo de Salonik
El Museo judîo de Salonik fue fondado para honorar la rica y creativa herencia sefaradî ansî como era en la civdad después del siécolo 15. Después de la horrivle expulsión d’Espanya por los reyes Ferdinando y Isabella en 1492, muchos Jidiós empeçaron a arrivar al abrigo de la civdad, trayendo con eyos la cultura del Renacimiento y las linguas del Mediterráneo del Oeste. Oficios como la tipografîa, la cartografîa, las ciencias medicales y el conocimiento de las armas de aquel tiempo, fizieron que los Jidiós de Iberia fueran de grande valor para los Otomanos. Estos emigrantes trusheron también los ensenyamentos y comentarios rabînicos ansî que los lavoros importantes de la Kabalah que provenîan de la tradición mîstica judîa de Gerona.
Muy presto, la creativitá sefaradî en Salonik (ansina se yamava estonces) suvió a su punto alto en el siécolo 16. La civdad tenîa un aire de tolerança y stabilitá economica. No fue por suerte que Salonik tomó el nombre «Madre de Israel».
La fuerça creativa de los primeros Jidiós se vidó muy presto en la fondación de 32 «kehilot» (comunitás), cada una con su sinagoga, tradiciones y costumbres speciales. Las kehilot tenîan nombres de los lugares de origin en Espanya, Portugal y Italia. En academîas juntos con estas sinagogas, los rabinos y mîsticos continuaron a ensenyar las grandes tradiciones de los Jidiós de Iberia. A lo largo de los siécolos, se fue engrandeciendo el chico cimeterio judîo de la civdad para pueder arrecivir los muchos defuntos. En 1940, existîan 500 000 tombas.
Al siécolo 19 y al empecijo del siécolo 20, las condiciones que yevaron al engrandecimiento de la comunitá judîa fueron trocadas por guerras, rebueltas y possibilitás de muevos horizontes en Evropa, Asia y Americas de parte de los Jidiós con ideas muevas y imaginación. Al mismo tiempo, después de la absorpción de Salonik en el Estado grego en 1912, se vidó el menester de adaptar la vida judîa a las demandas del nacionalismo curriente. Para agravar las muevas condiciones, un grande fuego en 1917 destruyó la mas grande parte de la mallah judîa [le quartier juif] en el coraçón de la civdad.
In 1941, la Grecha cayó a los Almanes y sus aleados, los Italianos y los Bulgaros, y el paez fue despartido en tres zonas de ocupación. Salonik basho los Nazîs, con su comunitá de algunos 49 000 Jidiós, no estava preparada para las horrores de la «Solución final». A la fin de 1945, sólo un punyado de Jidiós quedaron : 96,5 % de la comunitá judía de la civdad fue exterminada en los campos de la muerte en Polonya.
El Museo judîo de Salonik nació como una consecuença de estas complicadas circonstancias históricas. Es uno de los muchos lavores creados por la comunitá judîa de Salonik.
El Museo se composa de :
— La exposición fotográfica «Thessaloniki, Sephardic Metropolis» (odrenada por Simon Marks). Esta colección fue arrecogida por los esfuerços de la defunta Miriam Novitch del kibutz «Lohamei ha Getaot» en Israel.
— «Memorias», el material fotográfico, religioso y folklorico de la Universitá de Bar Ilan. Es una muestra temporaria y contiene artifactos y recuerdos que apartenîan a los Jidiós que emigraron en Eretz Israel cuando aînda era debasho del mandato inglez.
— La colección permanente que se esta studiando y documentando para ser exposada.
El Museo se topa en una de las raras fraguas judîas que se salvaron del fuego de 1917. Estando en el coraçón mismo de Salonik, esta imposante fragua onde eran un tiempo la «Banca de Atena» y los burós del jornal «L’Indépendant», es un silencioso testigo de la grande presencia judîa que antés inchîa las cayes con su lingua de Cervantes y sus golores de Sevilia y Toledo, onde de Viernes la tadre a Sabad la tadre todo era cayado para celebrar el Shabat. A parte de las colecciones, el Museo esta aparejando un centro de informaciones, rechercas y estudios con facilitás audio-visuales.
El Museo se estiende en dos pianos con muchas muestras
En entrando, son las piedras tombales con inscripciones que se topavan en el grande cemeterio judîo al este de las murayas de la civdad. Con estas piedras hay también una seria de fotografîas que mostran el cemeterio y sus vigitadores ansî como era verso 1914.
En medio del primer piano se presenta la historia de la presencia judîa en Salonik del tresser siécolo A. Kh. fina la fin de la Segunda Guerra mundial. Esta muestra fue preparada en el kibutz «Lohamei Hagetaot» y financiada por la «Michael Marks Charitable Foundation».
La tressera muestra es emprestada y representa los resultados de un lavoro importante que se fizo en la Universitá Bar Ilan de Israel para recodrar y documentar las raîzes de los Jidiós de Salonik en Israel. La mas parte de estas personas emigraron a los medios de los anyos 30 a lo que estonces era el «Mandato de Palestina». La muestra es un importante recodro de ciertos aspectos de las vidas y memorias de Salonik en aquel tiempo. Para completar esta muestra se presentan muchos objectos de la colección del Museo Jidîo de Salonik.
La cuartena muestra es sovre el holokosto asigún afectó a la comunitá judîa de Salonik entre los anyos 1941 y 1943, cuando la mayorîa de la comunitá (44 000 personas) fueron sistematicamente deportados a Auschwitz-Birgenau y a Bergen-Belsen. Fue estimado que huvo 94% de mortaldá.
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Référence exacte de la version initiale de cet article (pour toute citation): Gérard GALTIER, «Pour une orthographe méditerranéenne du judéo-espagnol», in Rena MOLHO (dir.), Proceedings of the 3rd International Conference on the Judeo-Spanish Language (Social and Cultural Life in Salonika through Judeo-Spanish Texts) [October 17 & 18, 2004], Fondation Ets Ahaim, Salonique, 2008, 238 p., pp. 217-235.
![Gerard Galtier](https://esefarad.com/wp-content/uploads/2012/12/Gerard-Galtier1.jpg)
Docteur en linguistique, spécialiste des questions de graphie et de standardisation Institut des Sciences de la Communication du CNRS